Pays traditionnels

Si la Bretagne peut se diviser, au gré des géographes, des auteurs, et au gré des critères pris en compte, en grands ensembles, comme la haute et basse Bretagne, l’Armor et l’Argoat… il existe également des réalités humaines et historiques plus petites qui transcendent les découpages administratifs. On les retrouve souvent dans les dénominations d’associations, d’enseignes commerciales, de groupes sportifs ou culturels, ou bien encore de publications ou de radios… Mais elles sont surtout présentes dans l’esprit des gens. Elles sont nombreuses et la carte n’en donne qu’un aperçu. Historiquement, la plus ancienne est le paou (qui correspond au pagus latin) qui est à l’origine l’échelon inférieur à la bro. Certains de ces « pays » ont une origine qui remonte à l’Antiquité, d’autres remontent aux débuts de l’ère bretonne. On retrouve ce mot dans les noms qui commencent par po- et pou- (Poher, de paou et kêr, citadelle, celle-ci étant Carhaix), Porhoët (paou/tro/koed, le pays à travers les bois), (Clos-)Poulet, avec Alet (nom d’une ancienne cité délaissée pour Saint-Malo), et d’autres unités historiques du même échelon qui n’intègrent pas ce préfixe : Penthièvre, La Mée, pays de Retz… Des noms beaucoup plus récents font référence à des modes vestimentaires, mais on peut raisonnablement penser que le Pays bigouden continue l’ancien paou du cap Caval, à peine plus étendu. C’est fréquent en Cornouaille, comme Glazik (petit bleu), Melenik (petit jaune), Duik (petit noir), Fisel… Il peut également s’agir de sobriquets attribués au départ par leurs voisins. Ceux-ci peuvent provenir de productions : Penn Sardin, tête de sardine, à Douarnenez ; Bro chistr per, pays du poiré (environs de Cléguérec)… d’habitudes lexicales, comme le pays Chtou (Cornouaille morbihannaise) à partir du juron Mallozh Doue! (malédiction de Dieu), prononcé localement « mallochtou! ». Certains tirent leurs particularités de circonstances géographiques particulières, comme le Mené, ce qui veut dire « la Montagne », la Brière, de vastes marais indivis. D’autres enfin peuvent être le fruit de l’influence d’un centre urbain et peuvent dépasser les limites traditionnelles, c’est le cas de Redon, qui, depuis des millénaires, s’est toujours retrouvé en bordure de divisions.

Extrait de l’Atlas de Bretagne / Atlas Breizh, Mikael Bodlore-Penlaez & Divi Kervella, Coop Breizh, 2011