Départements

Le paradoxe du département est d’être une invention assez récente dans l’histoire de la Bretagne (1790) et pourtant d’être omniprésent dans la vie des Bretons. Il s’agit avant tout d’une circonscription administrative dirigée par un préfet (non élu et nommé, sans lien avec le niveau local, par le gouvernement). Depuis les premières lois de décentralisation en 1982, il s’agit d’une collectivité locale dont les conseillers sont élus au suffrage universel direct au niveau cantonal. Et depuis 2004 (second volet de la décentralisation), ses compétences se sont élargies, notamment par le transfert de l’État des aides économiques et sociales ou la gestion des routes. Cependant, les réformes des collectivités qui se succèdent pourraient réduire leur influence et, éventuellement amener les départements à une disparition progressive. Ces réformes ont lieu alors que de nombreux élus et acteurs sociaux dénoncent le mille-feuille administratif. En effet, conçu comme une circonscription proche des citoyens, dont le chef-lieu pouvait être atteint en une journée de cheval, son organisation fait doublon avec de plus récentes strates administratives : le département face à la région, le canton face aux groupements de communes et les arrondissements face aux pays. En Bretagne, les 5 départements sont les Côtes-d’Armor, le Finistère, l’Ille-et-Vilaine, la Loire-Atlantique et le Morbihan. Le fait de donner des noms de situations géographiques et non d’unités historiques ou humaines avait pour objectif de faire table rase du passé. En Bretagne, ces noms ont su pour certains faire preuve d’originalité ou s’inspirer de la langue bretonne. Le Morbihan signifie « petite mer » (nom du golfe) et les Côtes-d’Armor « côtes du Pays de la mer » (son nom fut modifié en 1990 pour remplacer le terme de Côtes-du-Nord (il s’agissait des côtes du nord de la Bretagne, le Morbihan devant initialement s’intituler les « Côtes-du-Sud »). Le Finistère s’inspire du latin « Finibus terræ », traduit du breton « Penn ar Bed ». La Loire-Atlantique qui, jusqu’en 1957, s’appelait Loire-Inférieure, et l’Ille-et-Vilaine portent tout simplement le nom de cours d’eau (comme 70 % des départements métropolitains).

Extrait de l’Atlas de Bretagne / Atlas Breizh, Mikael Bodlore-Penlaez & Divi Kervella, Coop Breizh, 2011