Invasions vikings en Bretagne

Durant le IXe siècle, les Norrois (de Norvège et du Danemark principalement), communément appelés Vikings, opèrent des incursions sur toutes les côtes du nord-ouest de l’Europe, et leurs attaques se transforment peu à peu en tentatives de conquête. Ils ravagent Nantes (non encore bretonne) en 843, et la Brittania n’est pas épargnée, mais les rois bretons arrivent à les contenir, et les utilisent même à l’occasion comme force d’appoint pour contrer les Francs. Alain Ier, dit le Grand, les bat à Questembert en 890 et règne en paix jusqu’en 907. Les successeurs d’Alain, divisés, ne peuvent les endiguer et la Bretagne tombe entièrement sous leur domination ; l’abbaye de Landévennec, notamment, est mise à sac et détruite en 913. Les élites religieuses s’exilent en Francia, en emportant leurs reliques et leurs livres calligraphiés, les élites civiles se soumettent ou partent vers l’Angleterre. De 913 à 937, la Bretagne devient une principauté viking qu’ils appellent Brettland, ou encore Sudra Brettland (la « Bretagne du Sud », celle du nord étant la Bretagne insulaire), dirigée depuis Namsborg (Nantes), successivement par Rögnvaldr (925-930), Feochán (ou Finnacán) (†931) et Hákon (†937). Un grand soulèvement et une première tentative de libération ont lieu en 931. À l’instigation de l’abbé Jean de Landévennec, Alain II (dit Barbetorte), petit-fils d’Alain Ier, de retour d’Angleterre, débarque à Dol en 936, mène campagne contre les Norrois durant l’année 937 et libère Nantes cette même année. La dernière grande bataille a lieu à Trans en été 939. Après cette période, la Bretagne n’est plus une force conquérante gagnant de nouveaux territoires vers l’est. Les nouveaux territoires acquis durant le IXe siècle sont perdus, la langue bretonne commence son recul, même si les élites étaient déjà en partie francisées. Toutefois les Vikings ont servi, malgré eux, à affaiblir un monde franc qui ne demandait alors qu’à absorber la Bretagne. La résistance des Bretons et la libération ont permis de forger un « caractère national » qui a favorisé la renaissance d’un État breton indépendant quand une partie des élites étaient déjà acquises au monde franc.

Extrait de l’Atlas de Bretagne / Atlas Breizh, Mikael Bodlore-Penlaez & Divi Kervella, Coop Breizh, 2011