Comme toute langue, la langue bretonne présente des variantes selon les endroits où on la parle. Au fur et à mesure que l’on se déplace, de petites différences se font jour, avec parfois quelques lignes de fracture plus importantes, ce qui fait qu’au bout d’un moment des différenciations plus ou moins sensibles apparaissent. C’est ce que l’on appelle la variation dialectale. Ce qui est tout à fait naturel a été parfois ressenti de façon plus accentuée en Bretagne, et cela pour plusieurs raisons. Le français académique, longtemps seule langue de l’instruction et de l’administration, est une des rares langues qui n’accepte pas ces variations spatiales. Cas rare en Europe, le breton n’a pas pu jouir d’un enseignement généralisé auprès de la population. Enfin, la fragmentation a été exacerbée « dans les têtes » comme le montre l’ordre commun donné en 1831 par les préfets des Côtes-du-Nord et du Finistère : « Il faut, par tous les moyens possibles, favoriser l’appauvrissement, la corruption du breton jusqu’au point où, d’une commune à l’autre, on ne puisse pas s’entendre (…) Car alors la nécessité de communications obligera le paysan d’apprendre le français. Il faut absolument détruire le langage breton. » On a l’habitude de diviser la langue bretonne en quatre grands ensembles, le cornouaillais, le léonard, le trégorrois et le vannetais, correspondant en cela aux quatre évêchés, à une époque où l’Église était le principal vecteur de l’écrit. Ce sont plus des « dialectes sociologiques » qu’autre chose, de grandes aires dans lesquelles les locuteurs se reconnaissent, car les linguistes s’y retrouvent moins. Selon les critères que l’on prend en compte, on peut plus sûrement voir soit un breton du nord et un breton du sud, soit un breton de l’ouest et un breton de l’est, des zones plus archaïsantes (Vannes et Léon) opposées à des zones plus innovantes (grande diagonale entre Trégor et Cornouaille). La principale différence à l’oreille est la place de l’accent : très prononcé sur l’avant-dernière syllabe sur une grosse portion au nord-ouest d’une ligne allant de Paimpol à Concarneau et souvent dénommé « accent KLT » (pour Kernev, Leon, Treger), le reste se partageant entre deux autres systèmes d’accentuation, mais qui n’empêchent pas l’intercompréhension.