Alors que l’emprise de l’Empire romain se délite, de nombreux Bretons de Bretagne insulaire (actuelle Grande-Bretagne) émigrent entre le IIIe et le VIe siècle et se fondent dans les populations installées en Bretagne armoricaine. Ils s’installent d’abord dans le cadre de l’Empire romain. Ils apportent avec eux leur civilisation, leur langue, leur spiritualité (l’Église chrétienne celtique) et forment l’ossature politique et religieuse du pays qui ne tarde pas à prendre le nom de Petite Bretagne, ou de Bretagne tout simplement, marginalisant l’ancien nom de Letavia. De petits royaumes, dont les noms se retrouvent parfois outre-Manche, voient le jour, notamment la Domnonée, la Cornouaille et le Bro Waroch (forme moderne, Gwereg), du nom d’un chef militaire qui le conquit. Les heurts avec les Francs se multiplient. De ces temps peu connus émergent des noms comme ceux des rois Morvan ou Wioñvarc’h. Au IXe siècle, un chef breton, Nominoë, est nommé par Louis le Pieux en tant que missus imperatoris. À la mort de ce dernier, il s’affranchit peu à peu du pouvoir franc, notamment lors des batailles de Messac (843) et de Ballon (845) où il combat Charles le Chauve venu attaquer la Bretagne. Son fils Erispoë lui succède en 851. Il affrontera également Charles le Chauve la même année à Jengland-Beslé, lui infligeant une cuisante défaite. Il sera le premier Breton à être officiellement reconnu comme roi. C’est à cette période que la Bretagne prend sa configuration définitive avec la reconnaissance de la suzeraineté bretonne sur les comtés de Rennes, de Nantes et le pays de Retz. Erispoë fut assassiné par Salomon, son cousin, en 857, qui craignait un rapprochement avec les Francs. Après deux guerres de succession entre 876 et 890, Alain le Grand fut le dernier Breton à porter le titre de roi, même si le titre semble avoir été utilisé plus longtemps en breton — Alain III (1008-1040) était nommé « Rebrit » ou « Roebre », ce qui veut dire « Roi de Bretagne ».