La principale division territoriale traditionnelle de la Bretagne est appelée bro (pluriel : broioù). Elles sont au nombre de neuf, symbolisées sur le drapeau breton Gwenn-ha-Du par les neuf bandes alternées noires et blanches. Même si ces broioù (que l’on pourrait traduire par l’acception moderne de « provinces » ou simplement « pays ») ont perdu toute réalité officielle depuis 1790 et la création des départements, elles existent toujours dans le vécu, surtout en basse Bretagne, où Cornouaille, Léon, Trégor et Vannetais sont des réalités quotidiennes. Même si les broioù sont un échelon mis en place par les Bretons pour prendre la relève de l’administration romaine en déliquescence, cela recouvre une réalité humaine et historique qui doit remonter à fort loin si l’on en juge par leurs limites, souvent des éléments géographiques remarquables : grands cours d’eau, ligne de crêtes… ; ou matérialisées par des éléments humains remontant à une haute antiquité, comme des mégalithes ou des toponymes pré-bretons. D’ailleurs elles coïncident dans les grandes lignes avec les territoires des anciens peuples celtes : au territoire des Osismes correspondent la Cornouaille, le Léon et le Trégor ; au territoire des Vénètes correspond le Pays vannetais dont le nom breton, Bro-Wened, rappelle fort bien la filiation (même si ce pays fut longtemps appelé Broereg, du nom de Gwereg, le chef militaire breton qui le conquit) ; les pays de Saint-Brieuc, Saint-Malo et Dol se partagent le territoire des anciens Coriosolites ; enfin, le Nantais (Naoned) et le Rennais (Roazhon), intégrés au IXe siècle, prolongent les pays namnète et riedon. Ce découpage servit de cadre, au spirituel, pour l’érection de diocèses (d’où l’utilisation courante et abusive en français d’« évêchés » pour désigner les broioù, même si aucun de ces derniers ne coïncide exactement avec une bro) et, au temporel, pour les comtés primitifs : on connaît ainsi des comtes à Alet — dont le siège fut transféré ensuite à Saint-Malo — comme Deurhoiarn, puissant seigneur d’Augan, nommé par Nominoë. Les vicissitudes de la féodalité firent que les limites comtales furent beaucoup plus élastiques que les limites épiscopales.